Requalification de sites industriels
L’ère industrielle a profondément transformé l’aménagement du territoire des pays développés. Avec l’étalement des villes et la délocalisation des activités industrielles, on retrouve de plus en plus d’infrastructures de production et de transport désaffectées dans les centres urbains. Ces friches abandonnées constituent "une perte matérielle et énergétique qui aurait avantage à être réutilisée et adaptée aux besoins de la ville d’aujourd’hui” (Kirovova, 2014, p.6).
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Réutilisation adaptée: “processus qui consiste à donner un nouvel usage à un site ou à un bâtiment existant en insérant nouvelles fonctions au sein des infrastructures existantes dans un souci de viabilité économique, sociale et environnementale”
(Kirovova, 2014, p.4)
La réutilisation adaptée (adaptive reuse)
La réutilisation et le recyclage des infrastructures du site sont l’un des meilleurs moyens de réduire l’empreinte environnementale d’un projet de requalification de site industriel. Ces stratégies permettent de réduire les dépenses énergétiques liées à la production et au transport de nouveaux matériaux en tirant plutôt profit de l’énergie intrinsèque des infrastructures existantes. Puisque la structure de bâtiments industriels est souvent dimensionnée pour des charges beaucoup plus grandes que celle du nouveau programme, sa réutilisation est généralement possible lorsqu’elle est en bon état. Travailler avec l’existant permet aussi de réduire les coûts du projet et de révéler de nouvelles opportunités de design (Kirovova, 2014).
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Le modèle métabolique circulaire
Pour réduire encore davantage l’empreinte écologique, on peut faire appel au modèle métabolique circulaire (ou approche écosystémique), qui propose de s’inspirer des écosystèmes naturels pour la conception de projets d’aménagement durables. Un écosystème naturel se définit par son caractère autotrophe: l’approvisionnement en ressources, la production d’énergie et l’élimination des déchets se produisent à même le milieu (contrairement aux écosystèmes urbains hétérotrophes). En appréhendant le projet comme un écosystème, on peut parvenir à une boucle fermée de gestion des ressources et donc à réduire l’empreinte environnementale (Kirovova, 2014).
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La décontamination des sols
La pollution issue de la dégradation des infrastructures et des anciennes activités industrielles peut aussi poser un risque pour la santé publique (Kirovova, 2014). Une décontamination préalable des sols est donc nécessaire. Il existe également certaines espèces végétales dont les propriétés de phytoremédiation peuvent permettre de décontaminer les sols d’anciennes friches industrielles (Kirovova, 2014).
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Schéma: Institut Paris Région (2019), adapté de H. Girardet
Considérer le contexte
Ces sites industriels abandonnés nuisent à la qualité de vie dans les quartiers environnants et sont souvent en rupture avec le tissu urbain. Il est donc important de bien intégrer un projet de requalification de friche industrielle à son contexte afin qu’elle fasse de nouveau partie de la ville. Pour y parvenir, le choix des nouvelles fonctions du site est crucial afin que le projet soit viable, soutenable et efficace (Kirovova, 2014). Le projet peut aussi inclure des espaces publics le reliant le projet à la trame urbaine. Le projet doit non seulement être durable en soi, mais il doit aussi avoir un impact positif sur la vie urbaine des quartiers voisins (Kirovova, 2014).
L’acceptabilité sociale
La perception négative du lieu par les populations locales peut parfois être un obstacle à sa requalification. Celui-ci est en effet souvent perçu comme un milieu pollué et hostile à l’établissement humain. Pour augmenter les chances de réussite d’un projet, une première intervention minimale à faible coût peut permettre de susciter l’intérêt de la population et obtenir le support des secteurs publics et privés, facilitant ainsi la suite du processus de transformation. Une stratégie d’implantation phasée peut donc être très efficace pour la rénovation de vastes sites industriels (Kirovova, 2014).